jeudi 19 mai 2016

Les laissés pour compte de Jean-Michel Moigno

Dans le calme de son atelier, Jean-Michel MOIGNO prépare une exposition qu'il installera au large de Marseille, sur l'île du Frioul, à partir du 15 Juin 2016

Jean-Michel ne se soucie pas des nouvelles technologies, mais bien plutôt de l'humain ; son attachement au vivant le pousse à recueillir en son coeur la rencontre qu'il a eue avec certains êtres croisés sur le bord de sa vie, qui auraient semblé insignifiants à n'importe qui mais lui, les revalorise dans de très petites peintures, humbles mais touchantes à l'extrême, car chacune révèle un moment de vie capté dans l'instant-même de la rencontre
alors, chacun de ces êtres prend vie, sous la parole de Jean-Michel, qui se souvient, évoque, réanime, entoure d'amour et de tendresse
      et comme par une touche magique qui restituerait une information augmentée, les frêles morceaux de bois, tous récupérés dans la rue, troués, abîmés, rejetés, restituent un nom et une histoire     
Voici l'homme isolé, on ne dit pas s'il est prisonnier ou s'il s'isole de son plein gré
les deux garçons de café
les vieux amants
la femme au mur rouge, le garçon boucher
la femme battue, la chienne
elle, c'est l'attente
il y a aussi l'homme au monocle, celui au bec de lièvre, la vieille, le jeune roumain au pull rouge, son ami algérien, la jeune fille aux cheveux rouges, la jeune femme peintre, le jeune syrien des boat people, Cécile qui passe ses journées dans la rue, et un autoportrait qui s'appelle Le rejet
 les inséparables, le mangeur de pierre (une pierre a été comme avalée par une racine d'arbre)
l'amour fou, en deux peintures qui ne forment qu'une, et les noces de diamant
Son atelier, lieu de sobriété, est aussi celui d'une mise en scène de mobilier récupéré, sur lequel garde un oeil le bouledogue disparu, la bien aimée Missa, dont les cendres reposent encore dans la cuisine
Tomy lui-même a été recueilli après un parcours bien malheureux de maltraitance
il a trouvé refuge ici et se trouve enfin aimé
car tout ici trouve refuge, même cette carcasse cassée d'oiseau a été restaurée à l'aide d'un vieux pinceau qui sert maintenant de tête et trône sur le lustre
un oiseau, vrai celui-là, a été recueilli lui aussi, abandonné sur un balcon, et il s'appelle Gameboy
toutes les plantes de la cour ont été trouvées dans la rue, jetées par leurs propriétaires ; elles ont retrouvé leur verdure et forment un endroit paisible

 jusqu'aux pierres que certains ont jeté dans son "jardin" ont trouvé une place dans un coin, près d'un vieux balai transformé en lampadaire
 Jean-Michel MOIGNO est plus qu'un peintre, c'est un témoin du vivant, un collecteur d'histoires, un défenseur de la vraie richesse, celle qu'on préserve humblement au très profond de soi
"L'âme déçue", sa dernière peinture en cours, d'après une oeuvre de Ferdinand Holder
Finalement, seule une âme déçue trouve ses propres chemins vers la paix, profonde, que procure l'assistance à l'autre, la main tendue, pour offrir un vrai refuge d'amour
Et alors pour Jean-Michel, ce sont tous un peu comme ses enfants, il les protège à sa façon car il a su lire dans leurs yeux, quand même, un tout petit espoir

exposition au Tapaloca - Place du Marché - Ile du Frioul - Marseille (06 21 15 69 30) à partir du 15 juin

2 commentaires:

Michèle a dit…

tu es un génie Jean Michel!
ta fan de toujours.
Michèle

Anonyme a dit…

Avant-gardiste, puissant créatif, original, précurseur, artiste depuis toujours,
ce qui passe par tes mains devient un objet d'art unique,
ceux qui te découvrent ne sont pas au bout de leur surprise.
Elisabeth